L'artiste Valérie Simoncelli devant son installation

La P’tite Interview de Valérie Simoncelli

 

Retour sur l’exposition de Valérie Simoncelli 

« Portraits de Famille »

 

  • Où as-tu trouvé l’idée de réaliser une maison dans la salle d’exposition de la Galerie ? Est-ce un espace réel ou imaginaire et quelle est l’émotion que tu souhaites transmettre ?

La maison construite dans la Galerie L’Alcôve est un espace imaginaire qui est inspiré à un lieu réel et existant, c’est-à-dire l’ancienne maison de ma famille à la campagne. Toutefois, mon intention ce n’était pas d’arrêter la réflexion à l’intérieur des murs physiques où j’ai passé de nombreux moments de mon enfance, mais de repenser la façon dont nous comprenons la collectivité et la société. Pour cette raison est née l’idée de réaliser cette installation : qui dit maison dit occupation sous un même toit, liens et partage – d’ailleurs « Sous un même toit » était le deuxième choix pour le titre de l’exposition. Mon espoir, peut-être idéal mais auquel je crois fermement, est que le sentiment de proximité et de partage transmis par l’intimité et l’espace accessible de la maison puisse être communiqué à l’échelle globale. Les spectateurs.rices, d’abord amusés.ées par la possibilité d’entrer dans la cabane, ensuite partagent le sens du bien-être suscité par l’installation. La « poétique de l’ancien » engendrée permet de rappeler aux différents visiteurs les souvenirs de leur propre histoire personnel, et de connecter ces souvenirs aux souvenirs existants dans mon mémoire. 
 
  • Le titre de ton exposition est « Portraits de Famille » : pourquoi ce choix et comment le.a spectateurs.ices peut-iel participer ?
Le titre de mon exposition fait référence à des portraits qui existent déjà. Les visiteurs.trices sont invités.ées à poursuivre une histoire existante en inventant une nouvelle « histoire de famille » qui s’appuie sur des éléments réels, mais qui s’élargit pour englober le domaine social, notamment en interrogeant les liens qui font société.
Comment les spectateurs peuvent concrètement participer à la création de l’oeuvre ? C’est simple : iels peuvent se faire photographier dans l’espace dédié dans la Galerie, c’est-à-dire sur l’ancien fauteuil qui vient directement de la maison peinte sur les murs, et choisir où accrocher leur photo imprimée. De cette manière, leur image fait partie de l’album de famille élargi et partagé, qui raconte non seulement l’histoire des liens familiaux de l’artiste, mais aussi des relations sociales au coeur de la société. 
 
 
  • Comment tu décrirais ta pratique artistique ? Quel est ton objectif derrière la réalisation d’oeuvres d’art immersives ?
Je définirais ma pratique artistique « exploratoire » : depuis 2017 je cherche à tester différents média pour réaliser des installations. Je pense que l’installation est le choix le plus adapté pour faire en sort que le public s’immerge dans mon univers. 
Concernant mes anciennes expositions, en 2020 j’ai réalisé « Pause », un mélange de dessins de détails des matières ou matériaux qui met en évidence le jeu de la lumière sur la surface. Sur la même ligne, les bâtiments de la ville – l’anamorphose des rues, des immeubles, des quartiers – ont été la source d’inspiration pour la deuxième exposition « Optique ». Dans cette ville, à la fois imaginée et réelle, les spectateurs.trices ont été invité.es à construire leur petite maison en bois et à la placer sur les toits dessinés, en participant à la formation d’un espace social élargi et partagé. Effectivement, les sujet de la ville et la réflexion sur la façon d’habiter un espace sont les fils rouges présents dans toute ma production artistique, inspirés par ma profession d’urbaniste.
 
  • Quelle a été la préparation nécessaire pour ce projet et comment s’est passé l’accrochage ?
C’était un long accrochage ! Il était nécessaire d’improviser une partie du montage pour adapter le projet à l’espace d’exposition mis à disposition par la Galerie l’Alcôve. Avant de réaliser l’accrochage, j’avais préparé le projet en prenant des photos de la maison de campagne, qu’ensuite j’ai retravaillées avec des dessins pour créer les chambres et les parties de la maison à imprimer sur le tissu qui constitue les parois. Pour visualiser la meilleure façon de rendre le projet, j’ai aussi réalisé une petite maquette pour imaginer l’espace en 3 dimensions – nécessaire aussi pour expliquer aux amis et collègues mon idée d’installation !
 
  • Ton histoire personnelle est exposée à travers ton travail, provoquant parfois des réactions inattendues chez les spectateurs.ices : comment le public interprète et met en action l’installation ? 

Au départ le sujet ce n’était pas d’exposer et de montrer mon histoire personnel, la maison de famille choisie c’était un prétexte et un support pour réfléchir sur les relations sociales. Les visiteurs.trices d’abord aiment connaître l’histoire de la vraie maison, mais après la conversation tourne autour des histoires individuelles ; c’est le pouvoir de l’espace intime de la maison, la capacité de toucher la profondeur des personnes pour faire ressortir les souvenirs d’enfance. Accueillis dans l’atmosphère de cabane proposée par l’artiste, les visiteurs.trices sont à l’aise et confié.es, désireux de converser autour de leur histoire. A travers un incroyable et paradoxal jeu entre extérieur et intérieur, cette projection à l’extérieur de soi a lieu dans l’intérieur de la cabane, qui stimule la conversation. En toute honnêteté, c’était inattendu le fait de répondre aux nombreuses questions sur la maison réelle, je ne m’attendais pas autant de curiosité autour de l’existence de cette espace et autour de moi. Finalement j’ai compris que les gens veulent simplement qui quelqu’un leur raconte une histoire, et le thème de la maison parle immédiatement à tout le monde.

 

 

Exposition « Portraits de Famille » du 16 mars au 02 avril 2023 à la Galerie L’Alcôve.
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