La Petite Interview de Xiaojun Song

Retour sur l’exposition Les Visions Chavirées d’Amandine Gollé et de notre artiste résidente Xiaojun Song. La Petite Interview revient avec cette entretient de Xiaojun Song.

Présentes nous, en quelques mots, ta démarche artistique.

Je dessine depuis mon enfance, grâce à mon père qui est artiste peintre. En grandissant dans son atelier, je voyais que peindre ou dessiner était, pour lui, une activité aussi habituelle que manger ou dormir. De même pour moi, ma démarche de création vient de mon sentiment personnel par rapport à ma vie quotidienne, elle est ma façon d’expression et d’émancipation. Elle s’inspire de contrastes tels que noir et blanc, visible et invisible.

Qu’est-ce qui t’as motivé à faire cette exposition avec Amandine ?

Nous nous connaissons depuis longtemps, nous étions dans la même promo à l’école des Beaux-arts de Nancy. Après l’école, nous sommes restées en contact et Amandine est allée étudier à Wuhan, ma ville natale en Chine. L’attrait que nous avons pour nos cultures réciproques, fait que nous partageons des idées artistiques et une certaine vision de la vie. J’aime beaucoup ce que fait Amandine en général, et je serai toujours partante pour travailler à nouveau ensemble.

Quelle.s relation.s vois-tu entre ton travail et le sien?

D’un point de vue esthétique, os travaux se rejoignent autour du contraste « noir et blanc » qui m’est cher, sur l’absence de perspective et de profondeur, et sur la finesse de l’exécution du trait dans un environnement épuré, parfois un peu minimaliste. Bien que nous ne travaillions pas sur le même thème, ni avec les mêmes matériaux, cette unité esthétique fait que nos travaux se mélangent et se complètent bien.

Dans les dessins que tu exposes on trouve parfois des couleurs vives, une dominante de rouge notamment, mais elle sont comme un peu effacées. Quel est-on rapport à la couleur ?

Je travail très peu avec la couleur. Lorsque j’en emplois je me limite à deux ou trois maximum. Le rouge, que j’ai utilisé, est pour moi discret, il me permet d’ajouter une couche diffuse en arrière plan , qui permet le contraste avec les traits. Il est aussi le symbole de la fleur de coquelicot, en référence à une de mes autres séries autour de cette fleur. J’aime traiter les excès, comme avec cet effet diffus et flou du rouge qui vient s’opposer au contraste plus marqué du noir et blanc.

Contrairement à tes précédentes créations dans ta série « Méditation« , ici tu présentes des dessins dont le trait est plus épais et les contours moins définis. C’est le sujet qui impose ce changement ou une nouvelle direction que tu veux donner à ton travail ?

Dans les précédents dessins de ma série « Méditation« , les traits forment la composition définitive à eux tout seuls. Je les avais réalisé avec une mine fine de critérium. Les quatre nouvelles peintures que je présente font toujours partie de cette série, mais il est vrai que mes outils ont changés. J’ai utilisé pour celles-ci le pinceau chinois, avec des encres de Chine sur papier de riz « Xuan« . Ces derniers travaux sont inspirés par les peintures chinoises traditionnelles du style « Shan shui » (littéralement  » montagne et eau », en référence au peintures de paysages montagneux et brumeux). Ce changement de trait, en effet plus épais et moins définit, rompt avec le style plus « effilé » de mes premières dessins de « Méditation« . Cette façon de dessiner et de peindre avec l’utilisation de matériaux chinois n’est pas nouvelle dans mon travail, mais il est vrai qu’elle est plus présente dans mes derniers travaux. J’ai de plus en plus envie de créer des espaces infinis émergeants du vide et qui attisent l’imagination. Le recours aux techniques et matériaux du style « Shan shui » est un moyen d’y parvenir.

Amandine présente un travail de sculpture en plus de celui de dessin. As-tu ou as-tu eu, toi aussi, une pratique sculpturale en parallèle de ton travail de dessin ?

Mis à part durant mes études, je n’ai jamais fait de sculpture. Peut être est-ce un médium que j’envisagerai plus tard, je ne peux pas le dire pour l’instant. Je vois e choix d’une discipline et d’un médium comme la manifestation d’un intérêt personnel, tout en servant l’expression d’une idée artistique. À côté de mes dessins, je réalise parfois des installations et des montages photo ou vidéo. En 2019, j’ai fait une exposition solo au musée He, le musée d’art contemporain de Wuhan, en Chine. J’y est exposé ma série « Méditation » et une installation interactive intitulée « Le quatrième mur« . Cette dernière se compose d’un mur en doublon du mur de la galerie, et animé d’un mouvement de respiration par la présence du visiteur déambulant devant lui. De part ses mouvements lents et discrets, cette installation joue sur l’opposition visible/invisible que je traite aussi dans mes peintures.

Quels sont tes prochains projets/travaux artistiques ?

Globalement je vais continuer le développement de ma série « Méditation », j’ai aussi envie d’essayer de nouveaux formats, peut être plus grands. Une exposition solo de « Méditation » se tient au Bieristand jusqu’au 31 janvier, et j’expose aussi à Nantes dans une exposition collective intitulée Festins Chinois.

Rédaction : Camila Ragonese.

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